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Ce que ma fille de 6 ans m’a appris sur le Digital

Cet article vient en complément du podcast #BonjourPPC du 3 septembre sur les Kids et le Digital.

Il y a 6 ans j’ai eu le bonheur de devenir papa. Et cette petite fille, j’aime à observer ses questionnements et ses étonnements, ses surprises et ses évidences. Déformation professionnelle et passionnelle oblige, en tant que Geek j’aime à avoir la curiosité d’observer certaines de ces réactions face aux outils numériques.

Car ce qui est fabuleux avec les enfants de cet âge, c’est la « plasticité » de leur apprentissage : ce sont des éponges qui captent tout, comprennent tout, avec un point de vue non biaisé par des raisonnements, des a-priori, des « ça n’est pas possible ». Tout est faisable pour eux. Il y a une candeur, une fraicheur qui rappellent bien souvent à l’ordre, ou qui augure des évidences à venir.

Je partage avec vous ces bouts de curiosités que j’ai appris d’elle. Peut-être avez-vous vu des choses similaires chez vous…

1- Elle utilise un iPad depuis très jeune, et le tactile est pour elle la norme. Sa dextérité à certains jeux de plateforme me surprend. L’UX de l’interface prouve que même sans savoir lire bien il est possible de l’utiliser. La première fois qu’elle m’a vu sur mon Mac, elle est venu près de moi et a voulu scroller sur l’écran pour dérouler l’écran. Elle s’est rendu compte que ça ne marchait pas, et elle n’a pas compris pourquoi. Or il est totalement logique de joindre le geste à la pensée !

2- Elle sait ce qu’est une télévision mais pas un programme de flux de télévision. Pour elle c’est un grand écran, sur lequel elle retrouve YouTube, Zouzou ou Netflix. D’ailleurs, à choisir elle préfère la tablette ou le smartphone à la télévision pour visionner ses dessins animés : c’est plus simple pour choisir les programmes qu’elle veut, du bout des doigts (ce qui rejoint le point précédent).

3- Elle se fait son propre programme avec son profil Netflix. J’ai éliminé YouTube Kids car pas assez qualitatif et filtré en termes de contenus. Idem pour la musique avec Deezer, elle a un compte avec des contenus pour elle, et notamment des podcasts pour son âge.

4- La première fois qu’elle a entendu la radio dans la voiture, elle m’a demandé « tu peux choisir telle chanson s’il te plait ? ». Il a fallu que je passe 5 bonnes minutes à lui expliquer (allez expliquer simplement quelque chose qui vous parait banal, pas simple !) qu’à la radio on ne pouvait pas choisir ce que l’on voulait, et ça lui paraissait être totalement illogique et d’un autre monde ! On en rigole maintenant à chaque fois qu’elle écoute le poste avec moi. Certaines de leurs évidences ne sont pas les nôtres, tout dépend de son référentiel…

5- C’est normal de faire un FaceTime. C’est un mot commun pour elle. Hier elle a bavardé le plus naturellement du monde avec sa meilleure amie qui est dans une autre école. Et elle me demande d’ailleurs souvent pourquoi il n’y a personne sur l’écran quand on appelle ses grand-parents…

6- Elle aime « discuter » avec Alexa Siri et Google. Elle a bien compris que ce n’était pas de « vrais gens », malgré la voix qui en est proche. Elle m’a quand même posé la question « mais ce sont des humains ? » et j’ai dû expliquer que c’était des robots qui imitaient la voix des humains. Et tant que les réponses données sont souvent à côté de la plaque, ça le restera pour elle ! En revanche pour mettre sa musique préféré, rien de tel que de demander à ces machines. L’interaction vocale est la plus simple même si elle reste encore frustrante. Elle m’a demandé pourquoi elle n’avait pas Google dans sa chambre… avant même de demander un smartphone ! (tout cela ne viendra que bien plus tard, je freine clairement là dessus).

7- Justement… Quand je ne sais pas quelque chose, je fais en sorte de chercher moi-même la réponse pour la lui donner. Et un jour elle me sort « Demande à Google ! ». J’ai rigolé… jaune. Car le fait que Google devienne son oracle et son encyclopédie m’embêterait fortement, pour des raisons de facilité et d’appauvrissement de la curiosité. Donc je fais en sorte de lui donner la réponse sans quelle demande à l’IA. Et si c’est le cas, nous le faisons ensemble. Tout en lui disant bien de dire « merci » à la fin 😉 (oui je sais que ce point est un grand sujet de discussion car pour certains dire merci équivaut à rendre humain une machine. Ca se discute. J’en reste pour ma part pour le moment à l’apprentissage « global » de la politesse).

8- Pas facile de lui expliquer quand il n’y a pas d’internet que je ne peux pas l’inventer ! Certes pour le moment la notion de connexion et de données reste un concept vague pour elle, mais c’est une évidence comme l’eau ou l’électricité. C’est là. Donc quand ce n’est pas là, ce n’est pas normal, il faut chercher un moyen d’en avoir. J’ai eu cette discussion avec elle dans le train il y a quelques jours : j’ai dû lui expliquer que je ne pouvais lui trouver ce qui n’existait pas, à savoir un réseau wifi 🙂

9- Enfin, contrairement à tout ce que j’ai pu vous parler avant, l’objet qui la suit partout depuis ses 3 ans n’est pas connecté. Et pourtant elle a développé avec lui une grande proximité car il lui donne la possibilité de développer ses imaginaires en construisant une histoire au fil de l’eau. C’est certainement le meilleur jouet qu’a pu produire la French Tech, et il s’appelle La Fabrique à Histoires (ceci n’est pas un placement produit). Je vous le conseille.

Ma conviction est que le digital n’est pas antagoniste avec le développement des enfants. Tous les discours récurrents alarmistes autour des écrans (qui sont légitimes quand on dépasse un volume horaire assez conséquent), ou le fait de répéter inlassablement la légende comme quoi « dans la Silicon Valley Steve Jobs ne donnait pas d’écran à ses enfants » me gonfle au plus au point.

Car OUI il faut faire attention au dosage de ses outils, notamment quand ils sont en jeune construction, et cela peut être aussi de fabuleux outils pédagogiques. Ce ne sont pas des nounous numériques. L’éducation est un tout (le nombre d’heures que je suis resté le mercredi après-midi devant un la télé n’a pas fait de moi un bulot !), et tant qu’elle chérira ses livres « en papier »et qu’elle adorera découvrir Astérix, je me dis que le meilleur est à venir.

PS : je vous conseille aussi un livre, celui de Matthieu Chéreau « Préparons nos enfants à demain », il est passionnant.

Damien Douani

@DamienDouani

Explorateur Digital / @bfmbusiness / Geek Chic / Auteur / Fondateur @FaDa @WeScopeTV / Blogueur Xennial / Papa Slasheur / Membre @digital_ladies / Podcasteur

Comité édito #deLaRoom #BonjourPPC

Linkedin.com/in/damiendouani/

Proposé par
Damien Douani

Eclaireur et Raconteur :
Cultures Numériques, Innovations et Nouveaux Médias.
Mes obsessions : les usages émergents, et le bien-être digital.

Trouvable sur les Réseaux, à la Télé, en Podcast et à la Radio.

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5 commentaires
  • Magnifique témoignage, dans lequel je retrouve pas mal de mes propres expériences avec mon fils de 8 ans, en particulier sur FaceTime (mais nous on a converti les grands-parents à l’iPhone pour qu’il les voient dès ses 1 an :-). Et je plussoie sur le livre de Matthieu Chéreau, qui est un Bordelais adorable et passionnant, avec qui j’ai eu la chance d’aborder ces sujets plusieurs fois.

  • J’ai lu. Ce qui m’intrigue le plus c’est qu’on parle de moments complices autour du digital. Pourquoi pas et cela peut être logique quand on travaille dans ce type de secteur.
    J’espère aussi qu’il y a d’autres moments avec des jeux de société, des kapla et des jeux qui permettent de s’éveiller en construisant soi même son univers de jeu.

    • Bonsoir, ce que j’ai essayé de mettre en avant c’est le fait que l’usage du numérique est totalement naturel pour les enfants, là où de nombreux adultes buttent. De fait, oui il y a des moments complices. A côté de cela, elle adore lire (de vrais livre :-)), dessiner, nous jouons à des jeux de société « en carton », bref tout ce que nous connaissons déjà. C’est un tout, une hybridation. L’importance est la place de chaque activité, et qu’il n’y ait pas de déséquilibre de l’une ou l’autre. En ce sens, le digital est positif.

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